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En Catalogne, les forces de police ont réussi à empêcher l’excision et le mariage forcé de trois sœurs originaires du Sahel en utilisant un protocole spécial et en intervenant par le biais de la médiation.
Selon notre correspondante à Barcelone, bien que peu de détails aient été divulgués, les autorités policières ont confirmé que les trois sœurs, dont deux étaient mineures, résidaient actuellement près de Lleida, au cœur de la région catalane, avec leur famille. Les jeunes filles auraient exprimé leur intention de retourner dans leur pays d’origine au Sahel, où elles étaient sur le point de subir l’excision et d’être mariées de force.
Les Mossos, la police catalane, ont donc mis en œuvre leur protocole spécifique dans de telles situations. Grâce à des efforts de médiation, ils ont réussi cette semaine à annuler le voyage prévu, y compris l’annulation des billets d’avion, et à sensibiliser les parents aux conséquences de leurs actes. Un suivi médical et policier a également été mis en place pour garantir la sécurité des trois sœurs.
Une approche éducative
Ce protocole de la police catalane a été élaboré en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale, les établissements de santé publique et les services sociaux. Si l’une de ces trois entités, ou même un proche, identifie un risque potentiel, il est de leur devoir d’alerter la police, qui cherche en premier lieu à engager une médiation avec la famille.
L’objectif est d’éviter de recourir immédiatement à la voie judiciaire. Selon une source policière, l’approche consiste plutôt à éduquer les familles qui parfois ne sont pas conscientes de l’illégalité et des souffrances infligées à leurs filles par de telles pratiques. Les familles sont également amenées à signer un engagement par lequel elles promettent de ne pas pratiquer l’excision ni de forcer le mariage de leurs filles, sous peine d’incarcération. Selon une ONG ayant contribué à la conception du protocole en collaboration avec la police, ce document aide également les parents à expliquer leur refus aux membres de leur entourage restés dans leur pays d’origine. En dernier recours, la justice peut ordonner la confiscation des passeports.
Efficacité variable du protocole
D’une part, les statistiques témoignent de l’efficacité du protocole mis en place en 2008 : les Mossos sont intervenus dans une centaine de cas de mutilations sexuelles et une dizaine de mariages forcés cette année-là. Au cours du premier semestre de 2023, la police a empêché 7 cas d’excision et 11 mariages forcés dans la région.
Cependant, il est à noter que certains cas échappent malheureusement à leur vigilance : l’année précédente, deux sœurs pakistanaises vivant près de Barcelone avaient été tuées par des membres de leur famille dans leur pays d’origine alors qu’elles tentaient de se libérer d’un mariage forcé. Cet acte meurtrier, attribué à un crime “d’honneur”, aurait été commandité par leur père. Celui-ci a été arrêté en début d’année en Espagne, où il est accusé d’homicides et de mariages forcés.
